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Fort l'Ecluse 1815

Lettre du chasseur Sébastien BELLARDE du 12e Régiment de Chasseurs à Cheval à son pére (Avril 1815):

Mon cher pére,

Je suis arrivé au Fort l'Ecluse jeudi dernier un peu avant midi. Ce fort est dans un tel état que nous avions dû passer pas mal de temps a déplacer pas mal de choses et balayer fortement pour rendre les pièces utilisables.

L'effectif d'environ 36 fusils a permis la création de 4 escouades. Néanmoins, nous avons tourné au ralenti le vendredi en créant 2 escouades provisoires (1ère escouade provisoire : membres de la 1ère et 3 ème escouade - 2ème escouade provisoire : membres de la 2ème et 4ème escouade). La 1ère escouade provisoire est partie en reconnaissance vers Collonges, jusqu'à l'emplacement de l'ancienne batterie. Aucun ennemi n'a été signalé lors de cette sortie. L'après-midi a été consacrée à l'accueil des nouveaux arrivants, avec vérification de la feuille de route et du livret militaire.

Dans la nuit de vendredi à samedi, des coups de feu ont été tirés. On a pu penser dans un premier temps à une attaque des autrichiens, mais il apparaît au final que tout ce raffut était l'œuvre de quelques mutins, voulant en découdre avec l'EM. Le reste de la nuit fut calme. Il faut tout de même noter qu'il fait froid et humide dans les pièces, même en journée. J'ai dormi habillé avec le manteau les deux dernières nuits, ce qui, malgré mes deux couvertures, était juste.

La journée du samedi fut bien chargée. Par roulement de 2 heures, chaque escouade était de garde, de corvée, en patrouille, confectionnait des gabions. Je n'ai pas trouvé les gardes pénibles, car sur l'effectif de l'escouade, seul trois soldats faisaient le planton (porte de Genève, l'arche au milieu de la cour, et une dernière sentinelle de faction devant l'EM). Notre escouade n'a pas participé à la fabrication de gabions, mais d'autres ont été affectés à ce service.

Les 1ère et 2ème escouades sont tombées sur l'ennemi lors de leur patrouille, apparemment des autrichiens. Nous étions de garde quand ils sont rentrés au fort. Et effectivement quelques minutes plus tard, des troupes ennemies étaient en vue. L'alarme a été donnée, nous avons répliqué à quelques coups de feu avant de remonter le pont-levis et de rejoindre notre escouade dans les caponnières. L'ennemi ayant réalisé qu'il était dans une position inconfortable, il s'est replié à quelques distances. Le Lieutenant Tincelin a alors tenté une sortie avec une escouade pour les repousser définitivement. Une barricade faite de gabions a même été érigée en avant du pont-levis, avec entre autre des hommes du 10ème Léger qui tenaient la position. Il faut croire que cette démonstration de force fut suffisamment convaincante pour décider l'ennemi à se replier définitivement.

Plusieurs heures après, alors que notre escouade s'apprêtait à relever la deuxième escouade au poste de police, nous avons eu à subir une nouvelle attaque. Le sergent-major Leydet nous a alors mené à la porte de Genève pour abaisser le pont-levis et "accueillir" les autrichiens, pendant que la 2ème escouade s'était déjà positionnée dans les caponnières. Pas de chance pour l'ennemi, car à ce moment précis 2 escouades étaient donc prêtes au combat.

Le pont-levis abaissé, nous avons eu la désagréable surprise de voir que l'ennemi se servait de notre propre barricade, faite de gabions, pour se retrancher ! Qu'à cela ne tienne, le Lieutenant Tincelin avait une idée en tête pour piéger les assiégeants, et voulu diriger lui même la manœuvre. L'idée était de donner l'impression à l'ennemi que nous lui cédions du terrain pour qu'il s'avance. Une petite équipe, menée par le sergent major, devait ensuite se faufiler sur leurs arrières pour refermer la souricière. cela ne s'est pas passé exactement comme prévu, aussi nous avons du contre-attaquer et charger à la baïonnette une fois notre arme déchargée. Après un échange assez bref, les survivants ennemis ont été amenés à se rendre.

Nous avons fait 5 prisonniers, qui ont été interrogés. La barrière de la langue fut un problème, car seul le Grenadier Tardy parlait l'allemand. Ils ont été débarrassés de leurs armes et de leur équipement. Notre escouade fut chargée de fouiller leurs affaires. Nous avons mis la main sur une bouteille d'eau de vie à la poire, qui fit notre bonheur (merci à eux !).

Notre escouade du ensuite reprendre son poste et relever la 2ème escouade au poste de police. L'ambiance était détendue et même festive. Nous savions le lieutenant et l'EM trop occupés par l'interrogatoire des prisonniers pour daigner s'intéresser à nous, aussi nous avions dégoté une bonne bouteille de vin et quelque charcutaille pour passer agréablement notre temps de garde. Nous avons été appelé vers la fin pour mettre fin à une bagarre à la taverne, mais le temps d'arriver tout était calme...

Le dimanche, il y a eu une inspection des chambrées, avec une revue générale dans la cour. Nous sommes restés un long moment dans le froid et le vent, pendant que les chambres étaient fouillées. Ca n'a pas été le moment le plus agréable et les fusiliers Figo et Tardy, après un désaccord, se sont arrivés aux mains. L'intervention des sergents et du sergent-majors, qui ont largement administrés des baffes pour remettre de l'ordre entre ces deux soldats, à permit de remettre de l'ordre. Ensuite, quelques manœuvres ont étés effectuées dans la cour pour rafraîchir les cadres et les soldats.

Embrasse maman de ma part et pourrais-tu lui rassurer que malgré la fraîcheur de cette place, je me porte bien.

Votre fils dévoué,

Sébastien

Un nouveau détachement de soldats arrivent...

...et sont enregistrés auprès du poste de police.

Le chirugien-major déclare le détachement apte au service...

...et les soldats peuvent s'installer leurs paillasses. Le caporal et un homme de son choix occupent le lit.

Le commandant du fort inspecte la taverne...

...pendant que les sous-officiers préparent les activités.

Quand aux soldats, ils mangent leur déjeuner dans la salle commune.

Des escouades de travail sont organisées...

...afin de poursuivre les travaux de fortifications.

L'armée autrichienne commence à installer un siège.

De temps en temps, il est nécessaire d'éloigner l'ennemi des murs par le feu...

...ou par le fer.

Vidéo et Presse



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